Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

La forêt domaniale de Moulière recouvre une superficie d'environ 7000 hectares, répartis sur les communes de Montamisé, Bignoux, Saint-Cyr, Bonneuil-Matours, Vouneuil-sur-Vienne, Saint-Georges-les-Baillargeaux, la Chapelle-Moulière, Dissay et Liniers. Ce massif forestier, situé entre les vallées de la Vienne et du Clain, est le plus important de la région Poitou-Charentes. Il doit son nom aux bancs de pierre autrefois exploités pour la confection des meules de moulin. Il constitue l'ancien domaine de chasse des ducs d'Aquitaine, devenu forêt royale après l'annexion définitive du duché au domaine royal en 1453. Sous l'Ancien Régime, différents droits d'usage y sont exercés par les seigneurs et les habitants des environs, entre autres ceux de Montamisé, de ses seigneuries et hameaux : droit de chasse, droit de chauffe, etc. Cette exploitation parfois abusive aboutit à une détérioration de la forêt, suivie par une reprise en main, au moins théorique, par le pouvoir royal à la fin du 17e siècle. Des gardes forestiers sont alors chargés de surveiller le massif. En 1746 est ainsi mentionné le sieur Guyonneau, garde de la forêt de Moulière, demeurant au village de Charassé. Dès lors, l'exploitation de la forêt est mieux encadrée : transformation du bois en charbon, utilisation comme combustible pour les forges, les ateliers de potiers, les tuileries, et les fours à chaux, utilisation comme bois de chauffage pour la ville de Poitiers. Cette exploitation se transforme de nouveau au 19e siècle avec le développement de nouvelles pratiques agricoles, l'apport de nouvelles espèces et le développement de nouvelles plantations de futaies, par exemple autour du domaine de la Roche de Bran. Les négociants et habitants de Poitiers qui viennent exploiter la forêt, empruntent intensément les routes de Montamisé, ce qui n'est pas sans poser des problèmes pour leur entretien. Le 29 juillet 1838 par exemple, les habitants de Montamisé protestent contre l´endommagement des chemins produit par le passage incessant de ceux qui, de Poitiers et des communes alentours, vont se procurer du bois dans le forêt de Moulière. En hiver, lorsque ces chemins sont impraticables, les charrettes passent même sur les champs à côté, ce qui occasionne des dégâts sur les récoltes. La commune réclame à l´Etat une indemnité.

A partir des années 1980, une nouvelle politique de gestion sylvicole est mise en place par l'Office national des forêts, s'appuyant sur le quadrillage de la forêt en 341 parcelles. Chaque année, des lots de bois sur pied à couper sont mis en adjudication publique. La forêt fait en outre partie de la Zone de Protection Spéciale (ZPS) créée par arrêté ministériel du 6 juillet 2004 et intégrant également les Landes du Pinail, les bois du Défens, du Fou et de la Roche de Bran. Elle constitue en elle-même la Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique (ZNIEFF) numéro 241. Située sur un plateau de 120 mètres d'altitude moyenne, son relief est ponctué par des gouffres et des vallées sèches. Les feuillus et les résineux couvrent chacun 45 % de la surface du massif. Les 10 % restant sont couverts de landes à brande, parsemées de mares. Cette qualité floristique rejaillit sur celle de la faune, constituée de nombreuses espèces d'oiseaux.